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Est-ce qu’il vous est déjà arrivé d’être totalement absorbé par votre occupation et de sentir que tout vous réussissait ? Une inspiration illimitée pour écrire, dessiner, ou encore une concentration maximale lors de la pratique d’un sport ? Si c’est le cas, vous connaissez le flow, ou en tout cas, vous y avez déjà goûté.

En bref, le flow est un état psychologique dans lequel votre niveau de créativité et de performance atteint son summum. Cet état, nous l’avons peut-être déjà ressenti dans notre vie sans nous en rendre compte.

Le concept de flow, d’où ça vient ?

Le flow a été défini en 1975 par Mihály Csíkszentmihályi, un psychologue hongrois connu pour ses travaux en psychologie positive. Cette branche de la psychologie s’intéresse spécifiquement au bonheur et à l’épanouissement de l’être humain.

Voici les 6 six aspects qui définissent une expérience de flow d’après Csíkszentmihályi :

  • concentration intense focalisée sur le moment présent,
  • disparition de la distance entre le sujet et l’objet,
  • perte du sentiment de conscience de soi,
  • sensation de contrôle et de puissance sur l’activité ou la situation,
  • distorsion de la perception du temps,
  • l’activité est en soi source de satisfaction (ou autotélique).

Pourquoi le « flow » ?

Au cours de la création de ce concept, Csíkszentmihályi aurait interviewé des personnes décrivant leur expérience de la façon suivante : ils sentaient qu’ils étaient portés comme par le courant d’une rivière. Il aurait donc choisi le « flow » (flux en français) comme nom pour son concept.

Ce concept est également connu sous le nom de « zone », notamment dans le sport. On dit d’un athlète qu’il est « dans la zone » lorsqu’il est totalement concentré et que tout semble lui réussir, donnant lieu à des performances et des succès hors-normes. La notion de zone a été popularisée par les témoignages de nombreux sportifs qui décrivaient cet état mental d’une façon très similaire à ce qu’a établi Csíkszentmihályi.

Depuis, le flow s’est généralisé à de nombreux domaines :

  • les pratiques créatives comme la musique ou le design,
  • le sport et tout autre type de compétition,
  • l’éducation et l’apprentissage en général.

Comment atteindre cet état ?

 

  1. Les objectifs doivent être précisément définis et fixés. Ainsi, le cerveau peut être concentré sur ses tâches à réaliser, sans perturbation comme du doute ou du stress. Il faut néanmoins rester attentif à son environnement extérieur et ne pas être focalisé uniquement sur un point.
  2. L’activité représente pour soi une motivation intrinsèque : une action qui par sa simple réalisation procure déjà du plaisir.
  3. Il doit toujours y avoir un équilibre entre le challenge et ses compétences. Si les objectifs ne sont pas suffisamment ambitieux, il n’y aura pas assez de motivation. A l’inverse, si les objectifs définis sont trop loin de nos capacités, de l’anxiété pourra apparaître. Le challenge doit idéalement être une source de satisfaction et ne doit pas être perçu comme une corvée.

Il y a différentes formes de routines pratiquées avant une activité pour aider à se rapprocher de l’état de flow. Certains pratiquent par exemple la méditation afin de se relaxer, de se concentrer, ou de se recentrer sur leurs objectifs. L’intérêt est de se préparer et de se mettre en condition avant l’activité en question. Par exemple, les acteurs de théâtre réalisent de la cohérence cardiaque avant de monter sur scène. 

Bien évidemment, il n’existe pas de solution miracle pour atteindre le flow. Réunir toutes ces conditions est très difficile dans la plupart des cas. Et dans tous les cas, le flow dépend de la perception de chacun et de l’activité pratiquée : il ne suffit pas de connaître la notion de flow pour devenir meilleur dans son domaine.

 

Et le Design / l’expérience utilisateur dans tout ça ?

1)  Design Thinking : empathie et idéation

Dans les ateliers de Design Thinking, les participants utilisent l’intelligence collective afin de générer des idées. Et si on essayait de leur faire atteindre le flow ?

En tant que facilitateur Design Thinking, l’objectif premier est de créer un cadre dans lequel les participants vont être poussés à réfléchir différemment, en se mettant à la place de l’utilisateur, favorisant ainsi la créativité et la performance. Le rôle du facilitateur est avant tout d’offrir les meilleures conditions de réflexion aux participants : on peut imaginer optimiser ce cadre pour renforcer la motivation et la concentration des participants au maximum, à un tel point qu’il atteignent le flow. 

En s’occupant des aspects rébarbatifs de l’atelier comme le rappel des objectifs, la gestion du temps et de la logistique, le facilitateur permet aux participants de se débarrasser de ces obstacles pour se concentrer totalement sur la réflexion et la créativité. Il limite aussi les distractions et conserve un fil conducteur tout au long de l’atelier. Ainsi, chacun pourrait s’exprimer à son plein potentiel et être le plus créatif possible. Dans l’idéal, on aurait un atelier chacun rebondit sur les idées des autres et génère un maximum d’idées…

La gamification est un exemple de pratique qui pourrait aider à se rapprocher du flow.
En effet, le jeu permet très souvent de renforcer la concentration et l’attention du joueur. Lorsque nous jouons, il nous est plus naturel d’effectuer des actions, de mobiliser sa créativité. L’aspect de compétition peut également être introduit dans le concept de gamification. Là encore, la compétition permet de motiver et de créer un challenge pour les participants.

Toute la difficulté réside dans le fait de trouver un juste milieu entre compétition saine et jeu interactif, tout en restant focalisé sur le besoin initial.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur la gamification, jetez un œil à notre article sur ce sujet 😉

 

2) UX : peut-on faire entrer l’utilisateur en état de flow ?

Dans le domaine de l’UX, on cherche à optimiser l’expérience de l’utilisateur en lui proposant une interface intuitive, simple d’utilisation. Même s’il n’y a pas d’aspect de dépassement de soi ni d’objectif de performance pour l’utilisateur, certains aspects du flow restent intéressants à étudier en UX.

En effet, il est possible par l’UX de renforcer la motivation et la concentration de l’utilisateur lorsqu’il navigue par exemple sur un site web. En proposant une interface simple, on motive l’utilisateur à naviguer : s’il ne rencontre pas d’obstacles, sa navigation sera fluide, ce qui le poussera à rester sur le site. Un obstacle peut très vite décourager un utilisateur et lui faire quitter la page.
Pour renforcer l’attention de l’utilisateur, on peut par exemple proposer une interface interactive, ou introduire de la gamification au travers d’un programme de fidélité (par exemple, le programme Flying Blue par AirFrance).

 

L’étude du flow rejoint sur beaucoup d’aspects la phase d’empathie en Design Thinking et en UX. En s’intéressant davantage à ce qui motive les gens et à ce qui les rend heureux, on s’offre de nouvelles perspectives pour optimiser l’expérience utilisateur. Il s’agit au final de créer un cadre et des conditions optimales pour rapprocher les utilisateurs de l’état de flow.

Sources

Flow: The Psychology of Optimal Experience ; Commentaire du livre de 1990 de Csíkszentmihályi.

Mihaly Csikszentmihalyi: Creativity, fulfillment and flow; Conférence TED, février 2004

Le Flow, un concept clé pour les UX designers ; UX Republic, janvier 2020

« La zone », le mystérieux état second dont rêvent les sportifs ; L’Obs, novembre 2016