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Les entreprises sont de plus en plus amenées à prendre des décisions qui engagent l’avenir. Cependant, le contexte économique est de plus en plus instable. Cela est dû à plusieurs facteurs dont la volatilité des prix, l’apparition de nouvelles normes réglementaires ou l’incertitude des marchés. Il est donc primordial de questionner les modèles de prise de décisions ainsi que les modes d’organisation des équipes de travail.  

 Ce constat a poussé les chercheurs à travailler sur de nouveaux modèles rendant compte des déterminants de l’efficacité des équipes de travail. L’intelligence collective est un des déterminants majeurs d’efficacité des équipes dans les entreprises.

Définition de l’intelligence collective: 

Il n’est pas facile aujourd’hui de trouver une définition unique à l’intelligence collective. Cette dernière a fait l’objet de nombreux débats et écrits. Mais avant de définir ce qu’elle est, il faut définir ce qu’elle n’est pas: « L’intelligence collective est différente de la somme des intelligences individuelles qui la composent » (Ribette, 1996). Aussi, il faut la différencier du travail d’équipe. L’intelligence collective ne respecte pas le système panoptique pyramidal. Ce dernier permet de diviser le travail. Cette division touche également l’accès à l’information. L’information converge vers un point central. Cependant, elle n’est pas accessible à tous et empêche le dialogue entre les différentes parties prenantes. Sans des interactions régulières entre les individus, l’intelligence collective aura du mal à se manifester au sein d’une équipe. 

La définition de l’intelligence collective diffère en fonction des auteurs et des disciplines. En Science de Gestion, Ribette la définit comme “une émergence culturelle, organisationnelle dû au développement entre les individus de relations de communication”. Si Ribette voit l’intelligence collective comme une émergence culturelle, Zara, lui, la voit comme un outil. Il la définit comme “ un outil pour développer la responsabilité, la créativité, l’adaptabilité d’une organisation et garantir la mise en oeuvre des décisions en réduisant la résistance au changement et en créant une émulation positive”. En Sciences de la Communication et de l’Information, Bonabeau voit l’intelligence collective de la façon suivante “On parle métaphoriquement «d’intelligence» collective lorsqu’un groupe social peut résoudre un problème dans un cas où un agent isolé en serait incapable”. La définition de Bonabeau se permet d’opposer l’intelligence collective à l’intelligence individuelle. Elle met en avant la capacité de la première à résoudre des problèmes où la seconde a échoué…

Intelligence collective vs intelligence individuelle : 

Nous retrouvons dans la Pop Culture plusieurs éléments qui mettent en avant l’importance de l’intelligence collective. Par exemple, Sir Arthur Conan Doyle décrit Sherlock Holmes comme une personne dotée d’une intelligence individuelle très supérieure. Cependant, le personnage est moins performant quand il n’est pas avec son ami John Watson. Ce dernier l’inspire dans ses réflexions. Ainsi, l’intelligence collective de Watson et Holmes est supérieure à l’intelligence individuelle de Holmes. Le même mécanisme est présent dans la série télévisée Dr House. Le médecin joué par l’acteur Hugh Laurie a beaucoup de peine à poser un diagnostic lorsqu’il n’est pas épaulé par son équipe. 

 

Une étude en 2010 a été consacrée à l’intelligence collective. Elle a démontré deux éléments majeurs: : 

  • Les solutions trouvées par les groupes avec une intelligence collective élevée sont systématiquement et significativement supérieures aux solutions trouvées par n’importe quel individu isolé
  • Aucune corrélation entre l’intelligence des individus qui composent le groupe et son intelligence collective

 

Le premier constat a établit que l’intelligence collective peut apporter des réponses à des problèmes où l’intelligence individuelle a échoué. Un des facteurs qui fait la force de l’intelligence collective est la diversité. Une équipe constituée de profils similaires, d’un même âge, sexe et niveau d’étude n’ose pas explorer de nouvelles hypothèses. Le rapport “Women and the future of work” montre que le simple fait d’avoir une mixité femme-homme au sein d’un comité exécutif permet l’accroissement de l’efficacité

 

Le second constat rejoint la conclusion de Ribette qui stipule que l’intelligence collective n’est pas l’addition des intelligences individuelles. Cette étude a démontré que les équipes qui avaient l’intelligence collective la plus élevées sont les équipes où il y avait le plus de sensibilité sociale. Ces deux éléments étaient fortement corrélés.

 

En somme, pour avoir une intelligence collective élevée, il n’est pas nécessaire d’avoir dans la même équipe des personnes avec des QI importants.

Il faut cependant mettre en place un environnement et une organisation où les interactions sont nombreuses dans un cadre protecteur et au sein d’une équipe pluridisciplinaire et diversifiée.